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Conclusion

De la coopération à l’autogestion.

La coopération, dans sa théorie, est un phénomène important car derrière des propos puérils se dissimule la réalité du capi­tal. La coopération est la formulation anticipée et idéalisée
du capitalisme actuel, celui de 1a société de consommation. La théorie coopérativiste établit ce que Vaneigeim fustige comme "la royauté démocratique, égalité devant la consommation, fra­ternité dans la consommation, liberté selon 1a consommation...
"
Le capital par le biais de cette théorie réinserre en son sein ses contradictions ,

 a) Les éléments attardés. L’importance des coopératives dans la modernisation de l’agriculture n’est plus à démontrer/ nous reprenons ici les analyses pertinentes du N° 54/55 de Frères du Monde sur l’agriculture au chapitre "les fausses so­lutions", "Les coopératives réalisent une intégration des petits et moyens agriculteurs au mode de production capitaliste en fa­vorisant leur participation au marché, en mobilisant leur épar­gne pour constituer le capital d’une entreprise... le mouvement coopératif va constituer un "instrument d’encadrement politique efficace", "Sur 1e marché, la coopérative va se trouver en con­currence avec des firmes privées. Pour ne pas faire faillite, elle devra avoir la même gestion que celle de ces firmes afin d’être compétitive ; c’est-à-dire : pression sur les salaires de ses employés, accroissement de la productivité en augmen­tant les cadences de travail par exemple, détournement d’une partie importante de la plus-value apportée par le travail pour la consacrer à la prospection des marchés, à la publicité... " Ceci démontre "le caractère illusoire de la possibilité d’une agriculture non capitaliste",
 b) Les éléments subversifs. De la coopération à l’autoges­tion il n’y a qu’un pas sinon un changement de signifiants, le signifié restant le même. La prise en charge de la production
par les producteurs : l’autogestion, c’est la coopérative ouvrière. Dans le Monde du’16 Mars 1973, André Berthet affirme que la coopérative ouvrière de production est un "modèle de partici­pation et d’autogestion". Le pouvoir patronal, nous l’avons dé­jà vu, fait place à un pouvoir issu de cadres syndicaux. Ce mé­canisme de dislocation du pouvoir patronal n’est pas une remise en cause du capital mais bien plus un mode de réintégration au sein de la négation du capital.

L’idéologie autogestionnaire et l’idéologie coopérative accomplissent la seconde révolution bourgeoise du capital : cel­le du prolétariat au profit des "politiques" et des "gestionnai­res". La centralisation et la concentration du pouvoir/capital est aux mains d’une classe encore plus réduite. Donc passage d’un capitalisme anarchique et sauvage à un capitalisme mécaniste, autoritaire (par opposition au libéralisme économique), cyber­nétisé et automatisé. C’est l’intégration/participation totali­taire et irréversible qui caractérise cette seconde révolution.

"La participation se révèle être la meilleure tactique de re­production élargie du système" (Baudrillard : le miroir de la production). Le capital a besoin, (pour humaniser sa concentra­tion), d’autonomiser ses éléments composites car "plus on accor­de d’autonomie à tout le monde, plus la décision se concentre au sommet". (idem).

Aux modes de production traditionnels se substitue un esclavage doré et autogéré. Cette humanisation ap­parente de la production s’accompagne d’un renforcement des mé­canismes répressifs/dissuasifs : publicité, information, spec­tacle, vente à crédit (cette hypothèque sur la liberté). C’est en ce sens que la coopération est un phénomène important et pré­curseur à son époque, car il introduit le règne de production/ consommation. La consommation est un "élément stratégique", pour produire il faut consommer.., je consomme pour continuer à m’a­liéner : la quadrature du cercle capitaliste est résolue.

Mouvement coopératif et autogestion sont les deux armes ac­tuelles du capital pour maintenir sa cohésion par-dessus ses contradictions.