ANNEXE 3 : IMPOSITION ET PROPOSITION.

Il convient ici de préciser un point que la condamnation catégorique du cours magistral pourrait avoir embrouillé : le cours ex cathédra n’est condamné qu’en tant qu’il est l’expression d’un autoritarisme rigide, imposée de l’extérieur, au mépris de l’expansion du savoir qui reste là comme ailleurs le critère décisif. Mais la définition de l’universitaire comme mixte enseignant/enseigné fait assez ressortir à elle seule la nécessité impérieuse pour le savoir de se propager dans des formes qui ne seront pas étrangères aux formes actuelles, sinon qu’elles resteront soumises à un droit de regard permanent des enseignés sur les enseignants, ceux là pouvant interrompre ceux ci aussitôt que le savoir proféré ex cathédra sera suspecté d’atteindre la cote d’alerte de la redondance ou de la stérilité.

L’abolition du rapport d’autorité ne signifie pas le retour à un socratisme de mauvais aloi : simplement, au lieu que le savoir de l’un soit imposé aux autres au nom d’une contrainte unilatérale, il sera proposé (1) dans la mesure où ce qui était imposé relevait de la dynamique du savoir, ce qui sera proposé touvera des chances au moins équiva lentes de propagation.

Ceci effacera du même coup l’impression pénible confessée par certains qui oeuvrent à cette dynamique, de devoir toujours ou le plus souvent, livrer des "perles aux pourceaux". Chacun, au moment de se constituer enseignant, sera assuré du bien fondé de son savoir tant à être donné qu’à être reçu, puisque son enseignement aura été suscité pat les enseignés eux mêmes. Ainsi la transmission dans l’indifférence contrainte cède la place à une propagation dans l’intérêt spontané ; l’abolition de l’autorité métamorphose un modèle mécanique de transmission en un modèle organique de propagation.

(1) Le fait que les cours soient déclarés facultatifs ne fait que renforcer leur caractère obligatoire su sein du rapport d’autorité : ainsi le bon dieu destine à l’enfer ceux qui auraient mesuré de leur liberté de le servir ou non. 12