Université sauvage
Critique
Critique (Stratégie) Utopie

De l’enseignement et du savoir de leur relation réciproque et de leurs rapports avec la Société.

UNIVERSITE ET SOCIETE.

L’université est une usine à diplômés, Cela implique que le "professeur", en tant qu’élément productif, a sa place dans la structure hiérarchique des fonctions sociales et que 1"`étudiant" n’est qu’un produit, qui attend de l’examen le label de qualité accordé par le gouvernement. L’étudiant n’est qu’un produit en voie de devenir marchandise, et c’est grâce à cet état privilégié qu’ il échappe, alors qu’il est encore en cours de façonnement, au spécialiste qui le façonne. Sa fonction d’ouvrier à la chaîne rend le professeur anonyme quant à l’empreinte qu’il donne au produit, et le rend en même temps esclave de ses propres réflexes conditionnés face au produit.

L’étudiant, en tant que produit en voie d’achèvement, n’a évidemment rien à voir avec une définition fondée sur les rapports de l’université avec la société (cf. Littré). L’étudiant ne FAIT pas partie de la société dans la mesure où il en FERA partie un jour en tant que produit achevé. Le futur est ce sur quoi est fondée l’exclusion de l’étudiant du contexte hiérarchique de la société. Il peut considérer cet outrage comme un privilège.

FONCTION PROFESSORALE ET PSEUDO FONCTION ETUDIANTE.

Le "professeur" en tant qu’élément d’une hiérarchie est néanmoins placé devant des êtres qu’il doit tenir pour "sociaux" s’il veut justifier sa propre supériorité par rapport à eux dans la hiérarchie. En d’autres termes, le "professeur", individu qui, sous la pression sociale, s’est effacé devant sa fonction, est obligé d’établir avec l’étudiant un rapport qui n’aura quelque validité que s’il est fondé sur une certaine équivalence fonctionnelle. C’est à dire que, pour le professeur, et sous son seul regard, l’étudiant doit acquérir un certain statut fonctionnel. La fonction professorale, intégrée à la hiérarchie sociale, pose, pour exister, l’existence d’une fonction étudiante qui, non intégrée à la société, n’est qu’une pseudo fonction.

L’AUTORITE ET SON ENFLURE NECESSAIRE.

Comment l’autorité du professeur est elle possible ? Elle est liée, rappelons le, à l’ambiguïté sémantique du terme POUVOIR, lieu d’une juxtaposition de sens, frisant la contradiction, selon le schéma

- 1. POSSIBILITE

POUVOIR

- 2. PUISSANCE

Seul le "magister", détenteur du savoir, PEUT enseigner. Comment cette possibilité, dans la mesure où elle est réellement postérieure à la détention du savoir (ce qui devra être remis en question également), comment cette possibilité se transforme t elle en puissance ? Le "magister" se raidit en "magistrat". La possibilité d’enseigner, en elle même, ne légitime en rien cette transformation qui a besoin d’une légitimité extérieure à cette possibilité. La seule chose qui ait pu fonder la puissance, c’est le statut fonctionnel du professeur en tant qu’intégré dans une hiérarchie sous le titre de fonctionnaire. Cette distinction fonctionnel/ fonctionnaire n’a pas son équivalent chez l’étudiant, parce que celui ci n’a pas de statut fonctionnaire pouvant garantir son statut fonctionnel : c’est uniquement dans le statut fonctionnaire du professeur que l’étudiant trouve la garantie de son statut fonctionnel : nous répéterons que l’étudiant ne jouit que d’une pseudo fonction par rapport à la hiérarchie sociale.

L’EXAMEN ou la parade amoureuse sans amour (cf. Annexe no 1)

Jusqu’au moment de l’examen, le professeur n’apparaît pas dans son statut de fonctionnaire. Les "dialogues" éventuels qu’il accorde à l’étudiant au cours de l’année, constituent autant de "face à face" équivoques, dans la mesure où le rapport d’autorité les légifère. Ces "dialogues", que sous tendent des intérêts rendus artificiellement différents par la présence d’un examen, deviennent des monologues juxtaposés, commandés l’un, par une attitude de "lèche", l’autre, par une attitude de "chantage". Ces attitudes, crûment dévoilées, sont inavouées de part et d’autre. La sincérité du dialogue est revendiquée au nom de la seule volonté de ses participants. Mais elle n’est qu’une illusion. Le rapport d’autorité domine toute attitude possible, c’est à dire, également celle qui serait volonté de nier ce rapport.

Au moment de l’examen, la comédie tourne court : le "professeur" est seul à décider qui lui donne satisfaction. Dialogues sincères et conversations franches s’effacent, laissant chacun, examinant et examiné, fonctionner "de sa fonction propre", le premier contrôlant "in vitro" l’état de composition ou de décomposition solitaire de ce qu’il est censé avoir inséminé au second. N’importe quel mode de "contrôle des connaissances", réclamé sous la forme : "il en faudra malgré tout...", ne fait qu’entretenir la comédie.

Or, l’examen est avant tout une SANCTION [1], répression de l’individu sachant et promotion de l’individu fonctionnant. En tant que contrôle des connaissances acquises, l’examen falsifie sa finalité, difficilement confessable il est vrai, qui est promotion d’un produit dans le marché de la hiérarchie. Comment en effet avouer que l’on promeut une fonction alors qu’on sanctionne un individu [2].

A ce niveau de la contestation, il va sans dire que l’examen a perdu toute valeur pratique ; contrôle des connaissances acquises, il n’est plus que strictement RETROSPECTIF, ce dont ni la société, ni l’université, ne peuvent tirer parti, puisqu’il commence par figer l’élan du savoir dans les clauses du programme et finit par privilégier sur la connaissance en progrès, la connaissance achevée, et sur la dynamique, la sclérose.