Rappel des évènements
Chronologie de la Révolution hongroise de 1956

1956

22 octobre : meetings dans toutes les universités, des résolutions sont votées réclamant l’égalité entre la Hongrie et la Russie, la publication des traités économiques, l’autonomie ouvrière, le retour de Nagy au gouvernement. Une manifestation est décidée pour le lendemain, des délégations sont envoyées aux usines, des jeunes ouvriers font le va-et-vient entre la faculté et les usines pour distribuer les résolutions.

23 octobre : interdite puis autorisée par le gouvernement, la manifestation rassemble en fin d’après-midi 100 à 150 mille manifestants, étudiante au départ, elle se grossit à partir de 17 heures des ouvriers qui sortent des usines.

20 heures : le gros de la manifestation reste place du Gouvernement, réclamant le retour de Nagy au gouvernement ; une partie des manifestants se rend au monument Staline, la statue est abattue, une délégation se rend au palais de la radio pour faire lire les résolutions.

Refus de la radio qui est gardée par 5 à 600 AVH (police politique) ; vers 23 heures la police politique ouvre le feu sur les manifestants qui essaient de pénétrer dans le palais de la radio, des unités de l’armée hongroise envoyées en renfort se laissent désarmer par les manifestants ou passent de leur côté ; des ouvriers retournent vers les usines où les équipes de nuit arrêtent le travail et s’emparent des dépôts d’armes de la milice ouvrière et des stocks des usines d’armement ; un peu partout dans Budapest, des combats s’engagent contre la police politique.

24 octobre : la radio annonce la nomination de Nagy a la tête du gouvernement ; la promulgation de la loi martiale et l’appel de Nagy à l’armée russe qui est intervenue à l’aube contre les insurgés. Les combats et les manifestations continuent ; les insurgés harcèlent les Russes et tiennent les quartiers autour des casernes et dans les banlieues ouvrières.

25 octobre : Géro, secrétaire du parti est démis de ses fonctions et remplacé par Kadar. Nagy et Kadar promettent des réformes, mais demandent aux insurgés de déposer les armes.
Les combats continuent contre l’armée russe.
Les premiers conseils ouvriers sont créés dans les usines.

26 octobre : A Budapest, le colonel Maleter passe du côté des insurgés. Avec son unité de chars, il tient la caserne Kilian. Kopaksi, préfet de la police de ville passe du côté des insurgés et fait distribuer des armes aux étudiants, organisant des unités reliées à la préfecture.

En province, partout des comités révolutionnaires composés de délégués des conseils ouvriers et des représentants de l’armée et des paysans prennent le pouvoir et désarment la police politique. Radio Miskolc et radio Gyor sont aux mains des forces révolutionnaires. Les premières délégations sont envoyées au gouvernement Nagy qui fait de nouvelles promesses et s’efforcent de faire déposer les armes aux insurgés.

27 octobre ; Formation d’un gouvernement national, Nagy a fait appel aux anciens partis démocratiques. Il reçoit sans cesse de nouvelles délégations des conseils ouvriers et révolutionnaires de province.


28 octobre :
Nagy à la radio admet que le mouvement n’est pas contre révolutionnaire, les russes se retirent de Budapest ; le gouvernement s’efforce de prendre le contrôle des insurgés en créant la garde nationale.

30 octobre : Nagy dément avoir proclamé la loi martiale et appelé les Russes. Malgré des réserves, l’ensemble des conseils révolutionnaires affirment leur soutien au gouvernement Nagy ; les délégations affluent à Budapest. Le cardinal Mindzenty est libéré. Les anciens partis se reconstituent. Radio Europe libre (propagande américaine) s’efforce de jeter le discrédit sur le gouvernement Nagy.

Constitution à Gyor du conseil national de Transdanubie s’appuyant sur les conseils ouvriers, tentative pour répandre le mouvement aux pays limitrophes.


31 octobre :
Radio Moscou annonce que le gouvernement russe est prêt à négocier le retrait de ses troupes. Les conseils de province signalent l’arrivée de nouvelles unités russes en Hongrie.

1er novembre : Afflux des troupes russes, protestation de Nagy, plainte à l’ONU et déclaration de la neutralité de la Hongrie. Nagy et Kadar annoncent la fondation d’un nouveau parti, le parti socialiste hongrois. A Gyor le conseil révolutionnaire fait disperser un meeting organisé par les partis bourgeois.

2 novembre : Les conseils ouvriers des grandes usines de Budapest décident la reprise du travail pour le 5 novembre. Le conseil révolutionnaire de Bonsod - Miskolc réclame la constitution d’un conseil révolutionnaire national constitué par les conseils révolutionnaires et les conseils ouvriers en remplacement de l’ancien parlement.


3 novembre :
Remaniement du gouvernement Nagy. Maleter est responsable des forces insurgées. Discours à la radio (radio Budapest contrôlée par le gouvernement) du cardinal Mindzenty. Radio Europe Libre lance le mot d’ordre : Mindzenty au pouvoir ; Maleter et les chefs militaires des insurgés, invités à venir négocier le départ des troupes russes sont arrêtés.


4 novembre :
Les Russes attaquent Budapest. Kadar, disparu depuis quelques jours annonce qu’il a pris la tête d’un gouvernement ouvrier et paysan soutenu par les Russes. Reprise des combats dans tout le pays. Nagy se réfugie à l’ambassade yougoslave.


5 - 12 novembre :
Poursuite des combats dans tout le pays, des dernières résistances ont lieu à Pecs où les mineurs se retirent dans les contre-forts du mont Mecksen et continuent d’harceler les convois russes et dans les quartiers ouvriers du Csepel à Budapest.


12 novembre :
Le comité révolutionnaire d’Ujpest (banlieue ouvrière de Budapest) lance un appel pour la formation d’un conseil ouvrier central.

13 novembre : Une délégation de plusieurs conseils ouvriers de Budapest est reçue par Kadar qui ne veut donner aux conseils ouvriers qu’un pouvoir économique. Une réunion autour de Miklos Gimes et Balazs Nagy crée la ligue des socialistes hongrois. La grève générale est totale depuis le 4 novembre.


15 novembre :
Balazs, président du conseil du grand Budapest est démis de ses fonctions pour avoir interprété le mot d’ordre de reprise du travail comme une reconnaissance du gouvernement Kadar ; le conseil doit aller s’expliquer devant les assemblées d’usines mécontentes. Devenyi de Csepel est nommé président. Les Russes organisent les arrestations et les déportations vers l’U.R.S.S. En province double pouvoir entre les conseils révolutionnaires et la police politique et permanents du parti soutenus par l’armée russe.


19 novembre :
Convocation de tous les délégués des conseils révolutionnaires de province à Budapest pour la constitution d’un conseil ouvrier national. En province, la grève est toujours totale.

21 novembre : L’armée russe empêche la réunion des délégués des conseils révolutionnaires, une partie d’entre eux réussit à se réunir ; affrontement entre les délégués de province et ceux de Budapest, les premiers reprochant aux seconds d’avoir repris le travail. Le conseil du grand Budapest entérine le mot d’ordre de grève de 48 heures décidé par les ouvriers devant l’intervention des Russes contre les délégués. Une liaison permanente est mise en place entre le conseil du Grand Budapest et les conseils de province. Le président Devenyi, estimé trop tiède est démissionné et remplacé par Racz, un ouvrier de 23 ans, Bali et Lalocsa sont nommés vice-présidents.


23 novembre :
Pour commémorer l’anniversaire du début de la révolution, le conseil central décide que pendant une heure, personne ne sortira dans les rues de Budapest. Déploiement des troupes russes.


4 décembre :
Les assemblées d’usines proposent pour l’anniversaire de la deuxième intervention russe d’organier une manifestation dans Budapest. Le conseil central propose que seules les femmes y participent.

5 décembre : Miklos Gimes est arrêté ; la police essaie d’arrêter Racz et Bali qui parviennent à se réfugier dans leurs usines ; devant la résolution des ouvriers, les forces de police n’osent pas intervenir.
Arrestation d’un grand nombre de membres des conseils ouvriers.


9 décembre :
Une grève de 48 heures est décidée pour protester contre la répression. Le gouvernement décide la dissolution du conseil du grand Budapest "dont les membres préféraient s’occuper exclusivement des questions politiques pour construire un nouveau pouvoir à opposer aux organes exécutifs de l’Etat".


11 décembre :
Grève générale. Convoqués par Kadar "pour discuter" Racz et Bali quittent leurs usines et sont arrêtés au parlement. Le comité révolutionnaire des intellectuels est dissous.

13 décembre : L’usine Beloiannis poursuit la grève pour protester contre l’arrestation de Racz et Bali. Partout dans le pays le gouvernement Kadar appuyé par les Russes reprend le contrôle policier de la population ; nombreuses arrestations des délégués aux conseils ouvriers.


17 décembre
 : Premières condamnations à mort.

1957

11 et 12 janvier : Les ouvriers de Csepel se mettent en grève. La police intervient ; un mort, les chars russes cernent Csepel (le plus gros quartier ouvrier de Budapest).


Septembre :
Dissolution des derniers conseils ouvriers.
Napzabadzag, le journal du parti dénonce les conseils ouvriers comme étant une "création de la contre-révolution".